Le jeudi 9 mars aura lieu le prochain live du cycle d’accompagnement en parentalité proposé par EDACADEMY en partenariat avec l’ISMM : « Apprendre à devenir parent : poser un regard différent sur mon enfant pour mieux l’accompagner ».

Emilie Cornern / Publié le 6 mars 2023

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Julien Jacquier : « Accueillir un enfant dans son foyer revient à accueillir le mouvement. »

Le jeudi 9 mars aura lieu le prochain live du cycle d’accompagnement en parentalité proposé par EDACADEMY en partenariat avec l’ISMM : « Apprendre à devenir parent : poser un regard différent sur mon enfant pour mieux l’accompagner ». Cet accompagnement destiné aux parents propose un tour d'horizon exhaustif du développement de l'enfant grâce à des webinaires dispensés par des experts dans leur domaine, accompagnés de conseils pratiques et de ressources disponibles à la suite de chaque live. Julien Jacquier, éducateur Montessori AMI, directeur de la crèche Montessori Ventoux et accompagnant en parentalité, viendra enrichir les connaissances des parents sur le thème de l’importance du mouvement dans le développement de l’enfant.

Vous avez pu découvrir son portrait la semaine dernière sur notre blog. Julien Jacquier est un éducateur passionné, notamment par la motricité libre, l’approche Pikler et le développement du mouvement comme expression de la vie psychique.

Dans sa micro-crèche du Vaucluse, il accorde une grande importance au mouvement dans la vie quotidienne des enfants accueillis, mettant en pratique l’approche prônée par Maria Montessori. Il est aussi très engagé auprès des familles pour lutter contre l’isolement parental. C’est donc tout naturellement qu’il a accepté d’intervenir auprès des parents le 9 mars prochain.

EDACADEMY : Pourquoi avoir accepté de faire partie de ce cycle de formation pour les parents ?

Julien Jacquier : Les parents vivent parfois ce que l’on peut appeler « la solitude parentale ». Cet accompagnement, que vous proposez en webinaire, est une belle proposition qui leur permettra de se sentir moins seuls face à leurs questionnements. Je trouve intéressant de m’adresser à un groupe de parents afin de permettre le croisement des regards.

Je déplore le fait que cet échange n’existe pas ailleurs. Il n’y a qu’à regarder les réseaux sociaux : on ne publie que des choses idéales avec son enfant. Résultat : lorsqu’on rencontre des difficultés, on se dit qu’on est le seul à vivre ça. Ce qui manque, c’est le dialogue : avoir des échanges en direct et trouver des choses qui vont résonner chez l’autre. Travailler comme une co-parentalité, où les avis des uns nourrissent la parentalité des autres. C’est important dans la société dans laquelle nous vivons, très exigeante envers les parents, et en particulier envers les mères.

EDACADEMY : Vous intervenez sur le thème de la motricité libre et l'approche Pikler. Pouvez-vous nous expliquer ce dont il s’agit et ce qui vous anime à ce sujet ?

Julien Jacquier : À chaque étape de la vie, depuis la vie intra-utérine, le corps du petit enfant est en mouvement. Lors de mon intervention, nous verrons que ce mouvement, qui est l’expression de la vie psychique, tarde à devenir quelque chose de volontaire. Il est important d’accueillir et d’accompagner l’enfant dans cet inconscient, puis dans quelque chose de plus conscient à travers les premiers mois et les premières années de vie.

La motricité libre parle de deux choses : du mouvement et de la liberté. C’est parfois compliqué pour certaines personnes de comprendre que le mouvement est essentiel au développement de l’être humain et même de la vie. Tout ce qui est en vie est en mouvement par définition. La liberté dans ce mouvement ne veut pas dire tout laisser faire, ne pas intervenir, ne pas avoir de barrière ou de frontière. La motricité libre concerne le respect du développement du mouvement du bébé et du petit humain.

Il faut pour cela comprendre ce qu’est le mouvement : comment apparait-il chez nous ? Comment l’acquiert-on ? Quelles sont les différentes étapes ? Savoir que le mouvement doit être accompagné pour que l’enfant puisse développer toutes les caractéristiques propres à son espèce. Si on inhibe le mouvement, on risque de faire entrave à son développement.

La pédiatre Emmi Pikler a développé une pédagogie basée sur le mouvement avec une approche qui sortait de l’ordinaire à l’époque. Elle a révélé l’importance du soin à l’enfant, en s’appuyant sur les travaux de John Bowlby sur l’attachement, mais aussi le besoin de coopération dans le développement de l’enfant.

EDACADEMY : Qu’est-ce que ce webinaire peut apporter aux parents selon vous ?

Julien Jacquier : Outre le fait de pouvoir croiser les regards, comme nous l’avons dit plus tôt, les parents vont pouvoir mettre un peu d’ordre dans ce qu’ils savent déjà, car c’est eux qui connaissent le mieux leur enfant.

On se pose beaucoup de questions lorsqu’on devient parent, mais il faut dire qu’on n’est pas formé pour ça ! On ne prépare pas les jeunes à leur parentalité à l’école : c’est quelque chose que je n’arrive pas à comprendre.

Les parents font ce qu’ils peuvent avec le modèle éducatif qu’ils ont reçu, parfois sans le questionner. J‘espère pouvoir les aider à organiser ce qu’ils portent en eux pour qu’ils puissent le mettre en pratique avec leur enfant. On va essayer d’aller chercher ces petites clefs les unes après les autres pour pouvoir déverrouiller les portes qui ont besoin de l’être !

EDACADEMY : Avez-vous une anecdote en lien avec l’Enfant, personnelle ou professionnelle, à partager avec nous ?

Julien Jacquier : Lors d’une intervention au domicile d’une famille pour aménager un espace pour un enfant de 2 ans, j’ai rencontré une tante de cet enfant, assez âgée, qui m’a interpellé en me disant que cela la dérangeait que l’enfant ne vienne pas l’embrasser et qu’elle ne comprenait pas pourquoi on n’obligeait pas ce dernier à le faire.

Je lui ai expliqué que ces codes étaient des codes d’adultes mis en place au fil du temps et qu’elle réclamait cela à un enfant tout juste arrivé dans ce monde, qui ne pouvait pas avoir développé ces codes. Pourquoi l’enfant devrait se mettre à son niveau si de son côté elle ne se mettait pas au sien ? Elle m’a dit qu’elle n’avait jamais envisagé l’enfant sous ce regard-là.

J’ai rendu visite à la famille une semaine après. Cette dame s’était mise en retrait avec beaucoup de patience, et l’enfant courait désormais vers elle pour lui faire des câlins, car elle n’était plus dans cette attente.

L’adulte est toujours plus en mesure de pouvoir se mettre à la place de l’enfant, car il a déjà l’expérience et a développé sa capacité d’empathie. En le forçant, on passe un mauvais message à l’enfant : ce que tu ressens ne m’intéresse pas, ce qui compte c’est ce que moi je ressens… Pour moi cette anecdote illustre bien le fait que pour déverrouiller des blocages, il faut parfois simplement avoir la compréhension de qui est l’Enfant.

Un grand merci à Julien, et rendez-vous le 9 mars !

Les inscriptions sont toujours ouvertes pour ce cycle d’accompagnement exclusif en parentalité. Jusqu’au 6 juillet 2023, 20 intervenants se succéderont pour aborder tous les thèmes essentiels pour vous permettre de poser un regard différent sur votre enfant.