Le septième live du cycle d’accompagnement en parentalité proposé par EDACADEMY : « Apprendre à devenir parent : poser un regard différent sur mon enfant pour mieux l’accompagner » a eu lieu le 9 février.

Julien Jacquier, éducateur Montessori AMI, directeur de crèche et consultant en parentalité, est venu partager avec les parents présents son expertise autour de la motricité libre. Une soirée riche en partage et en apprentissages grâce à un int

Le mouvement, moyen d’expression de la vie psychique

Emilie Cornern / Publié le 14 mars 2023

6 min de lecture

Le septième live du cycle d’accompagnement en parentalité proposé par EDACADEMY : « Apprendre à devenir parent : poser un regard différent sur mon enfant pour mieux l’accompagner » a eu lieu le 9 février.

Julien Jacquier, éducateur Montessori AMI, directeur de crèche et consultant en parentalité, est venu partager avec les parents présents son expertise autour de la motricité libre. Une soirée riche en partage et en apprentissages grâce à un intervenant engagé auprès des familles.

Être parent, ça s'apprend !

Cette conférence en live fait partie du cycle d’accompagnement en parentalité co-construit par EDACADEMY, l’école des éducateurs engagés, et l’Institut Supérieur Maria Montessori (ISMM), l’unique centre de formation Montessori français agréé par l’AMI.

L’objectif du cycle est d’apporter des connaissances et des outils aux parents, afin de leur permettre de changer leur regard sur leur enfant. Cet accompagnement innovant propose, grâce à la collaboration de 20 intervenants, un tour d’horizon complet du développement de l’enfant sur les plans moteur, cognitif et émotionnel, jusqu’au 6 juillet 2023.

Emmi Pikler et la motricité libre

Emmi Pikler (1902-1954) est une pédiatre hongroise qui a développé le concept de motricité libre dans les années 30. En commençant sa carrière en chirurgie pédiatrique dans un hôpital universitaire de Vienne, elle constate que les enfants des milieux urbains qu’elle reçoit se blessent bien plus fréquemment que ceux vivant dans les campagnes. Elle comprend que c’est à cause d’une surprotection des enfants dans les milieux favorisés. Dans les campagnes, les enfants avaient plus d’opportunités d’expériences dans leur environnement et apprenaient donc naturellement à éviter les accidents.

Elle ouvre son propre cabinet en ville et commence à partager sa vision de la motricité avec les familles, puis elle ouvre sa pouponnière («Lóczy») en 1946. Les piliers de l’approche qu’elle va y développer sont le mouvement libre et le besoin d‘attachement de l’enfant (en se basant sur la théorie de John Bowlby). Elle accorde une grande importance au soin, avec un adulte référent par enfant, une exception à l’époque (et encore aujourd’hui…). Elle met en place des temps d‘observation du mouvement afin de permettre aux adultes accompagnant les enfants d’harmoniser leur posture. 

«Le mouvement est l’expression de la vie psychique.»

Maria Montessori

Elle prouvera que des carences affectives peuvent être à l’origine de problèmes dans le développement de l’enfant : elle est une des premières à démontrer le lien entre le développement psychique et moteur.

Le développement du mouvement

A la naissance, le mouvement est réflexe : il n’est pas volontaire. Alors qu’in utero le fœtus était capable de sucer son pouce, il n’en est plus capable une fois venu au monde. En naissant, l’enfant est victime d’une chute de tonus musculaire. 

C’est grâce aux autres que le bébé va pouvoir retrouver ce tonus: le développement du mouvement volontaire passe par la relation à l’autre, ce qui est propre à l’être humain. Plus la relation va être favorable et plus le développement va se faire (il en va de même avec le développement du langage). La période symbiotique (les 3 premiers mois de vie) va être fondamentale pour l’ancrage dans la relation et donc pour le développement.

Le développement moteur de l’enfant est favorisé par :

  • Les relations interhumaines.
  • L’attention.
  • L’importance du soin.
  • La possibilité d’expériences actives dans l’environnement.

Pour soutenir ce développement moteur, nous pouvons donc :

  • Offrir à l’enfant des temps de rencontre privilégiés (change, bain, repas…).
  • Observer le mouvement de l’enfant pour lui offrir l’aide utile dont il a besoin.
  • Harmoniser notre posture pour assurer une continuité.

Mémo des étapes du développement psychomoteur de l’enfant

A la naissance

Le nouveau-né a besoin d’être soutenu de par son état de dépendance. Il est à la recherche des sensations vécues in utero, qu’il connait déjà (odeur et voix de la mère…) car il vient de vivre une rupture très brutale et arrive dans un monde qui lui est totalement étranger. Nous devons essayer d’accompagner l’enfant de la manière la plus sécurisante possible.
 
Son mouvement est réflexe (réflexe de marche à la naissance, grasping…). Il a un fort besoin d’attachement et vit une période de symbiose avec sa mère nécessaire à son développement.

Vers 2 mois

C’est la fin de la période symbiotique : la colonne vertébrale psychique selon le psychologue Michel Lemay. L’enfant a intériorisé les bonnes expériences grâce au lien de « soudure » (terme de la psychiatre Geneviève Haag) qu’il a vécu avec sa mère. Il a développé ce que Maria Montessori appelle la confiance en l’environnement. Il commence à se tourner vers le monde, vers l’extérieur. Physiquement, il commence à tenir sa tête, ce qui est un cap symbolique.

Vers 4/5 mois

Le mouvement continue de se coordonner : lorsqu’il est sur le dos, l’enfant relève les jambes, attrape ses pieds. C’est à cet âge-là qu’il commence à essayer de se retourner. Il peut aussi se mettre à ramper et commence à attraper les objets « en balayage » pour les ramener à lui.

Vers 6/7/8 mois

L’enfant commence à se nourrir lui-même et veut nourrir l’autre : il rentre dans un échange. C’est le début de l’exploration grâce aux 4 pattes et à la station assise. Les mains sont libérées et l’enfant peut commencer à manipuler. Il commence à explorer les objets avec les mains et plus uniquement avec la bouche : c’est le début du développement de l’intelligence.

Vers 12 mois

C’est l’âge approximatif de la marche et donc de l’exploration du monde. L’enfant vit une période importante avec le concept de disparition/apparition (jeu de coucou/caché, marionnettes, l’enfant qui fait tomber les objets de sa chaise haute pour que l’adulte les ramasse…). L’enfant effectue des allers retours entre sa mère et le monde. Il vient vérifier la continuité du lien qui le relie à l’autre. Il a besoin d’être sûr du lien pour pouvoir partir.

Vers 18 mois

L’enfant est dans la période d’effort maximum : il veut porter des choses lourdes et a besoin d’engager tout son corps dans l’activité. L’adulte doit laisser à l’enfant la possibilité de faire et refaire. Il faut essayer de ne pas intervenir, de ne pas se substituer à l’enfant pour ne pas casser quelque chose de la possibilité de refaire quelque chose qu’on n’a pas réussi la première fois. C’est sa capacité de persévérance que l’enfant est en train de bâtir.

Entre 18 mois et 3 ans

C’est une période importance de collaboration entre l’enfant et l’adulte. Cette collaboration est la conséquence du développement de l’indépendance. C’est parce que l’adulte va faire l’action avec l’enfant que l’enfant va être capable d’être autonome ensuite. Il est important d’être attentif à notre posture car c’est celle-ci qui permet l’étayage de celle de l’enfant.

Entre 3 et 6 ans

L’enfant va raffiner sa motricité fine et globale. Pour cela il a besoin d‘activités qui comportent une notion de défi de justesse et de précision : « la main au service de la pensée », comme le souligne Maria Montessori. Ce que recherche l’enfant, c’est sa capacité à avoir le contrôle sur son corps et donc sur sa pensée. L’enfant doit pour cela apprendre à raffiner et à ralentir son mouvement: c’est ce qui permettra de développer sa pensée logique.

Les ressources conseillées par Julien

  • Le Geste et la Parole d’André Leroi-Gourhan.
  • L’Enfant de Maria Montessori.
  • L’Enfant dans la Famille de Maria Montessori.
  • Pédagogie Scientifique Tome 1 de Maria Montessori.

Mais au-delà des ouvrages, ce que conseille Julien aux parents, c’est avant tout d’observer le mouvement de leur enfant pour comprendre ce qui se passe en lui !

La suite du programme avec Christian Maréchal

Le jeudi 23 mars 2023 à 20h30, ce sera au tour de Christian Maréchal d’accompagner les parents pour les aider à changer leur regard sur leur enfant. Professeur des écoles, éducateur Montessori AMI et formateur, il a exercé pendant plus de 25 ans dans la plus ancienne école Montessori de France et son visage vous est peut-être familier. En effet, il a été à l’affiche du film documentaire d’Alexandre Mourot «Le maître est l’enfant» en 2017. Ce fervent défenseur de la pédagogie Montessori et de son accessibilité viendra enrichir les connaissances des parents au sujet du développement du langage chez l’enfant.

Le parent parfait n'a pas d'enfant !

Si vous souhaitez avoir accès au live du 23 mars prochain, ainsi qu’aux replays des lives précédents, les inscriptions sont encore ouvertes. Jusqu’au 6 juillet 2023, pas moins de 20 intervenants experts de leur domaine se succéderont afin d’offrir aux parents une vision complète du développement de l’être humain, pour les aider à changer leur regard sur leur enfant.

N’hésitez pas à consulter la page dédiée à la formation pour vous inscrire.