Le 17 décembre a eu lieu le quatrième live du cycle d’accompagnement en parentalité proposé par EDACADEMY : « Apprendre à devenir parent : poser un regard différent sur mon enfant pour mieux l’accompagner ».

C’est Marie-Jeanne Trouchaud, « militante de l’être humain », qui est venue apporter aux parents des clefs de compréhension et de réflexion en abordant le thème des émotions de l’enfant au service d’une parentalité épanouie.

Les émotions au service d’une parentalité épanouie

Emilie Cornern / Publié le 23 décembre 2022

6 min de lecture

Un enfant qui crie sous les émotions

Le 17 décembre a eu lieu le quatrième live du cycle d’accompagnement en parentalité proposé par EDACADEMY : « Apprendre à devenir parent : poser un regard différent sur mon enfant pour mieux l’accompagner ». C’est Marie-Jeanne Trouchaud, « militante de l’être humain », qui est venue apporter aux parents des clefs de compréhension et de réflexion en abordant le thème des émotions de l’enfant au service d'une parentalité épanouie.

Formatrice en relations humaines, thérapeute, conférencière, auteure et co-fondatrice de l’association SEVE, Marie-Jeanne Trouchaud a basé sa carrière sur une approche empathique et bienveillante de l’être humain.


Elle milite pour un mieux-être des parents et des enfants afin d’aller vers une société plus sereine et moins violente. Celle dont le dernier ouvrage est consacré aux adolescents a accepté pour nous de se replonger dans les problématiques liées au jeune enfant.

Être parent, ça s'apprend !

Cette conférence en live fait partie du cycle d’accompagnement en parentalité co-construit par EDACADEMY, l’école des éducateurs engagés, et l’Institut Supérieur Maria Montessori (ISMM), l’unique centre de formation Montessori français agréé par l’Association Montessori Internationale (AMI).

L’objectif du cycle est d’apporter des connaissances et des outils aux parents, afin de leur permettre de changer leur regard sur leur enfant. Cet accompagnement innovant propose, grâce à la collaboration de 20 intervenants, un tour d’horizon complet du développement de l’enfant sur les plans moteur, cognitif et émotionnel, jusqu’au 6 juillet 2023.   

Connaître le cerveau de l’enfant

Pour comprendre les réactions des enfants, il faut connaître le cerveau, chef d’orchestre de l’ensemble de notre vie.

Tout petit, le nourrisson a un cerveau qui pèse 400g, contre 1,4 kg à l’âge adulte. Au cours de la petite enfance, des milliards de neurones vont être créées. Les synapses vont se connecter entre elles pour créer des réseaux synaptiques.

Il est important de connaître les 3 parties suivantes du cerveau :

  • Le cerveau reptilien: celui de la survie et des grandes fonctions.
  • Le cerveau limbique: celui de la mémoire et des émotions.
  • Le cortex: c’est le cerveau « intelligent », celui de la créativité, de la réflexion, de l’analyse.

Instantanéité des émotions

Le nourrisson n’a pas encore de connexion synaptique. Le cortex se relie très progressivement au reste du cerveau.  Ensuite, à l’âge de 3 ans, l’enfant a les mêmes possibilités qu’un grand mammifère : il peut apprendre à dire merci, mais sans apprendre la gratitude ou la relation de confiance.

On sait aujourd’hui qu’un cerveau ne peut pas être entièrement connecté avant l’âge de 24/25 ans. C’est pour cette raison que l’enfant vit intensément ses émotions. Il ne décide pas de ce qu’il va faire de son émotion, c’est beaucoup plus violent que pour un adulte.

L’enfant n’ayant pas son cortex connecté, il est directement dans l’émotion et ne peut pas prendre de recul. C’est notamment à cause de cette incapacité à prendre du recul que les écrans peuvent être dangereux pour l’enfant.

Figure d’attachement et attachement sécure

La figure d’attachement de l’enfant est la personne par laquelle l’enfant vit, celle en qui il a le plus confiance. L’enfant va s’attacher à cette personne quelle que que soit la qualité de cet attachement.

L’attachement sécure, c’est le fait de respecter l’enfant et ses besoins, non seulement physiologiquement mais surtout émotionnellement. 

L’enfant a besoin d’être rassuré. Il apprend par expérience et par imitation, commence à explorer. (« Tout seul ! » nous dit-il). Au moment de l’apprentissage de la marche, vient l’heure du détachement, et il faut qu’il soit sécure lui aussi ! Une deuxième phase de détachement viendra au moment de l’adolescence.

Elagage synaptique

Le cerveau de l’adulte contient 3 fois plus de connexions synaptiques qu’il existe de connexions au sein du réseau internet. Chez l’enfant de 6 à 7 ans, c’est 10 fois plus !

Entre l’enfant de 6 ans et l’âge adulte, plus des deux tiers des connexions synaptiques vont se détériorer et disparaitre : il s’agit de l’élagage synaptique.

Le cerveau absorbant de l’enfant arrive à un point où il contient trop d’informations : on parle de cerveau bouillonnant. Le cerveau procède alors à un élagage quantitatif, mais pas qualitatif.

Accueillir les émotions de l’enfant

A 3 ans, l’enfant a appris à parler, mais pas à dire. Il ne sait pas poser de mots sur ses émotions. L’enfant va pleurer, rentrer dans la détresse, mais il ne sera pas dire qu’il est triste.

Lorsqu’un enfant est petit, on peut saccager ses émotions. Catherine Gueguen dit qu’avant l’âge d’un an, la plupart des enfants ont subi des maltraitances émotionnelles, pourtant involontaires de la part des parents.

La joie est une émotion agréable qui peut pourtant être abîmée si l’adulte gronde l’enfant alors qu’il est heureux. Par exemple si l’adulte élève la voix sur un enfant qui vient de sauter dans une flaque. Il vient d’éprouver du plaisir mais se dit qu’il n’a pas le droit d’être joyeux. En découlera une surexcitation ou une morosité dans le futur.

La tristesse est un sentiment naturel. Mais si l’on dit à l’enfant de ne pas pleurer, il pense qu’il n’a pas le droit d’être triste. Il apprend à étouffer sa tristesse et deviens insensible, ou alors sa tristesse va devenir énorme et il va être accablé.

La peur est une émotion importante qui prévient du danger. Si on dénigre la peur de l’enfant, il risque de devenir inconscient et de braver tous les dangers, en particulier au moment de l’adolescence. Ou alors il va vivre dans la terreur et avoir peur de tout.

La colère nous protège de l’injustice, de l’humiliation, des abus de pouvoirs insupportables. L’enfant ne sait pas dire « je ne suis pas d’accord ». Alors il va mettre son corps en mouvement : taper des pieds, frapper, mordre, se rouler par terre… Car il ne peut pas faire autrement. Si on interdit à un enfant d’exprimer sa colère, il va devenir irascible à l’âge adulte, ou accumuler une grande culpabilité.

Attention à ne pas confondre colère et violence. La violence est la colère qui n’a pas trouvé d’écoute.

Gérer les « caprices »

L’enfant a besoin d’être compris, il a besoin qu’on accueille ses émotions. Cela ne veut pas dire qu’on doit lui donner ce qu’il veut. Il a simplement besoin qu’on comprenne son insatisfaction.

L’enfant est incapable de faire un caprice. Ses connexions synaptiques ne sont pas encore suffisantes pour entrer volontairement en crise afin d’obtenir quelque chose. 

La colère est une expression naturelle, il ne faut pas lui demander d’arrêter. Un adulte en colère est pris au sérieux, alors pourquoi pas un enfant ? La colère est une excellente émotion. Elle protège des injustices, des humiliations. Elle est puissante. Elle permet de dire, d’agir, de s’engager.

La chimie des émotions

Les hormones sont d’une grande importance dans les émotions de l’enfant, trois en particulier :

  • L’ocytocine: c’est l’hormone de la relation, de ce qui nous fait du bien. Elle est produite par les glandes du cerveau dans la partie du cortex orbito-frontal. Si on veut avoir un enfant intelligent émotionnellement, il faut lui faire beaucoup de câlins !
  • Le cortisol: c’est l’hormone sécrétée sous l’effet du stress, qui a une action sur le cerveau limbique. Elle fait oublier la cause traumatique, apaise.
  • La dopamine: c’est l’hormone du plaisir, de la récompense. Elle est nécessaire également, mais elle peut devenir un problème lorsqu’on remplace de l’ocytocine par de la dopamine, qu’on cherche à donner du plaisir pour remplacer le lien. En ne respectant pas suffisamment le besoin de relation de l’enfant, il risque de développer une forme d’addiction au plaisir (écrans, sucre…) que nous lui reprocherons plus tard…

La suite du programme avec Isabelle Séchaud

Le jeudi 12 janvier 2023 à 20h30, c’est Isabelle Séchaud qui prendra le relais auprès des parents. Éducatrice et formatrice AMI 0-6 ans, directrice pédagogique de l’Institut Supérieur Maria Montessori de Lyon, cette spécialiste de la pédagogie Montessori viendra éclairer les parents sur le concept des périodes sensibles.    

Après avoir détaillé chaque période sensible et leur finalité, elle nous apprendra à reconnaitre leurs manifestations et à les prendre en compte dans la préparation de l’environnement. Ne ratez pas cette occasion de mieux comprendre votre enfant !

Le parent parfait n'a pas d'enfant !

Si vous souhaitez avoir accès au live du 12 janvier prochain, ainsi qu’aux replays des lives précédents, les inscriptions sont encore ouvertes. Jusqu’au 6 juillet 2023, pas moins de 20 intervenants experts de leur domaine se succéderont afin d’offrir aux parents une vision complète du développement de l’être humain, pour les aider à changer leur regard sur leur enfant.

N’hésitez pas à consulter la page dédiée à l’accompagnement pour vous inscrire.